- LE CLIMAT FAMILIAL -
Tout enfant a besoin d'un climat familial. Frêle, impuissant à assurer sa subsistance quotidienne, victime certaine des dangers qui le menacent, l'enfant ne progresse que s'il est entretenu et protégé; et voilà, de son point de vue, le rôle fondamental de la famille.
De plus, le milieu familial est pour l'enfant ce dont il se nourrira pendant toute sa croissance. Si ce milieu lui fournit les éléments requis à une personnalité vigoureuse, l'adulte de demain sera un homme fort; mais une pénurie dans l'ambiance familiale amènera aisément un déséquilibre et un rachitisme psycholigique ou moral, tout comme l'alimentation déficiente cause le rachitisme corporel.
Bien avant de penser, l'enfant s'accroche au milieu dans lequel il nait et grandit. Il en absorbe, d'une manière mystérieuse mais indéniable, toutes les influences; on dirait qu'il les reçoit par tout son corps, et qu'elles passent en lui pour le modeler. Les sentiments, les attitudes, les forces vives de ses parents deviennent sa propre substance. Un adulte estime et juge les situations, il s'y soumet ou les refuse à son gré; mais l'enfant ignore la liberté, le choix, l'indépendance; son climat le construit et le forme à son image.
Le premier enseignement que l'enfant reçoit, la première influence pédagogique, lui viennent donc de son milieu natal; tout ce qui s'y trouve (ou ne s'y trouve pas) aura sur lui quelque conséquence. Dès lors, il importe de songer à ce milieu.
Il y faut d'abord une présence active du père et de la mère. Sans doute, nos structures contemporaines exigent que le père gagne le pain familial en dehors du foyer; souvent même, la mère n'échappe pas à cette obligation. Au moins, qu'on utilise les palliatifs possibles: de retour au foyer, que les parents s'occupent de l'enfant; qu'ils lui marquent leur intérêt immense; l'enfant sentira alors que les absences nécessaires leur font mal autant qu'à lui.
Une pure présence corporelle au foyer ne satisfait pas l'enfant; il exige bien davantage. Si ses parents ne sont pas là pour le comprendre et pour l'aimer, il préfère les voir au loin afin d'oublier leur indifférence. Parfois, les enfants craignent le retour de leur papa; car lorsqu'il rentre du travail, il est froid, distrait, grondeur, ne parlant que pour leur interdire leurs jeux, leurs paroles ou même leur présence; il ignore leurs problêmes et leurs points de vue. Certes, un homme qui a peiné toute une journée, souvent jusque dans la nuit, préférerait le silence et la paix; mais les enfants s'attendent à retrouver leur papa, affectueux, souriant, compréhensif.
Une dissension quelconque entre les parents, l'indifférence mutuelle, les discussions violentes, la guerre froide, tout cela dégrade le milieu familial, au point même de le ruiner. Les enfants sont à ce sujet extrêmement intuitifs: rien ne leur échappe. Ne sachant donner aux évènernents leurs vraies dimensions, tout ce qui révêle l'indifférence, l'acrimonie, la critique, l'égoisme, chez le père ou la mère, leur fait mal, un mal peut-être permanent. Le milieu familial exige donc l'amour mutuel des époux; jamais il ne faut se chicaner devant les enfants, ni même se laisser dominer intérieurement par l'amertume, le découragement ou tout autre sentiment négatif. A plus forte raison, un des parents ne cherchera pas à "mettre de son côté" les enfants; il n'y a pas de "côtés", du point de vue des enfants, chez leurs parents; l'un et l'autre fusionnent dans leur amour, leur dévouement pour eux, et dans l'autorité qu'ils exercent conjointement sur eux.
Enfin, que l'atmosphère générale du foyer soit optimiste. L'avenir est souvent incertain; on boucle difficilement, de nos jours, et les parents se demandent parfois où trouver l'argent nécessaire à telle dépense imprévue, ou même aux simples besoins quotidiens. Mais ne nous décourageons jamais. D'abord, le Seigneur est là pour donner le nécessaire à ceux qui espèrent en Lui et
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