LA GOUVERNEUR GENERAL CANADIEN
Trois événements récents, la nomination d'un nouveau gouverneur général, le décès du roi Georges VI et l'accession au trône de la reine Elizabeth II, nous ont permis de constater combien ténus sont les liens constitutionnels qui rattachent le Canada à la Grande-Bretagne et combien faible est la distance qui nous reste à franchir pour atteindre à l'indépendance. Cette indépendance serait dès maintenant presque totale d'ailleurs, si tous nos concitoyens étaient imbus d'un véritable patriotisme canadien dégagé des attaches politiques sentimentales qu'un trop grand nombre ont conservées vis-à-vis du pays d'origine plus ou moins lointaine, de la Mother country.
Quand le maréchal Alexander se fut décide à quitter Rideau-Hall plus tôt qu'on ne l'avait prévu pour entrer dans le cabinet Churchill, le premier ministre Saint-Laurent a décidé de mettre fin à cette longue controverse en posant le fait accompli. L'annonce de sa désision a provoqué des hurlements dans les cercles impérialistes et dans la majorité des journaux anglais du pays.
Personne ne s'est attaqué à la personne de M. Vincent Massey. C'est un diplomate de carrière qui n'a effleure la politique active qu'une seule fois, il y a déjà un quart de siècle. C'est, en même temps, un intellectuel qui est présentement chancelier de l'Université de Toronto et qui a présidé l'enquête sur l'avancement des lettres, des arts et des ceicnces au Canada. Son excellente connaissance du français était de nature à le faire agréer de l'élément français. Vu qu'il a été longtemps haut-commissaire du Canada à Londres et qu'il est membre du Conseil prive de Grande-Bretagne, il aurait dû facilement être accepté par l'élément anglais. De fait, il est probable que sa nomination est bien accueillie par la majorité des Anglo-Canadiens. Les impérialistes sont très bruyants et occupent de nombreux postes stratégiques mais ils sont moins nombreux qu'on est porté à le croire. Ce n'est d'ailleurs pas contre la personne de M. Vincent Massey qu'ils ont protesté, mais contre la nomination d'un Canadien.
L'entrée en fonction de M. Massey ne changera rien aux relations constitutionnelles entre le Canada et la Grande-Bretagne. Elle aura cependant des répercussions du point de vue psychologique et sentimental. Et c'est ce qui explique l'opposition acharnée des impérialistes.
La présence d'un Canadien à Rideau-Hall servira à convaincre les étrangers de la souveraineté sinon de l'indépendance totale du Canada. La fonction vice-royale perdra de son lustre en devenant plus canadienne et moins britannique. L'impérialiste perdra son propagandiste le plus subtil et le plus efficace, le gouverneur général qui jouait sur l'attachement à la Couronne et à la famille royale pour entretenir partout au Canada le sentiment de solidarité britannique.
Il ne restera bientôt plus de lien constitutionnel pour rattacher le Canada à la Grande-Bretagne que l'allégeance à la Couronne anglaise. Et nous avons vu combien ténu est ce lien depuis que l'autorité royale est complètement aux mains du cabinet canadien en vertu du Statut de Westminster et des lettres patentes de 1947. C'est un lien qui est surtou symbolique et auquel il faudra en ajouter deux autres qui sont également purement symboliques : un drapeau et un hymne national canadiens qui sont jusqu'ici ceux de la Grande-Bretagne.
Nous sommes donc bien près d'atteindre à l'indépendance politique complète. Elle sera atteinte le jour où la grande majorité de nos concitoyens seront parvenus à la maturité politique et animés d'un véritable patriotisme canadien.
- BIBLIOTHEQUE -
Nous revenons à vous pour vous demander tous les livres que vous pouvez disposés afin de continuer à organiser notre bibliothèque.
Mercredi, le 19 il y aura quelqu'un qui passera de porte en porte au nord de la voie ferrée afin de ramasser tous les livres.
Quand ton pied glisse tu peux recouvrir ton équilibre, mais quand ta langue glisse il est impossible de recouvrir ta parole.
"Que d'heureux l'ont ferait du bonheur qui se perd."