L'EXAMPLE EN FAMILLE
La psychologie contemporaine accorde une grande importance au dialogue entre parents et enfants, pour la formation de ces derniers. On exhorte les parents à présenter et détailler les motifs de bien agir. L'enfant, dit-on, étant un être intelligent, il a le droit de savoir pourquoi il doit faire ceci et éviter ce la; sans ces explications, on s'attendrait vainement à une vraie formation. Certains placent même une telle confiante en ce dialogue qu'ils lui ramènent toute l'éducation de l'enfant; l'enfant informé du bien et du mal se trouve, par cette connaissance même, équipé pour vivre vertueusement.
Les remarques de cette psychologiecontiennent quelques vérités: personne n'admettrait un type à d'éducation qui se limiterait à faire agir, sans éclairer cette action par le dedans. Cette éducation serait en somme analogue au dressage des chiens et des chevaux, auxquels on n'explique jamais le pourquoi de leur entrainement; or c'est le privilège de l'homme qu'il sache sa nature, le but de son existence et les conditions générales de réussite. Mais en même temps la pure connaissance du bien, le simple exporé des motifs de bien vivre, ne suffiront jamais à assurer la vie vertueuse elle-même; on oublie alors tout un aspect de l'être humain, bien plus décisif.
Presque toute notre vie, en effet, se développe sous la pression de nos habitudes: nous agissons communément selon les tendances, naturelles et surtout acquises, qui sont en nous et qui nous inclinent en un sens ou en l'autre, à ceci ou à cela, L'esprit se contante souvent de servir ces tendances, même s'il les juge regrettables; nous savons tous d'expérience comment la connaissance de nos devoirs ne garantit pas que nous les accomplissions.
Il importe donc que l'enfant, dès son très bas âge, soit entraîné et moulé à bien vivre. Les discussions
amicales lui profiteront sans doute, en exposant le bien-fondé des actes auxquels en l'oblige, mais qu'on ne compte pas sur elles pour produire la vertu. D'ailleurs un enfant exercises très peu sa raison, surtout dans l'ordre moral; et les idées abstraites seront encore moins pour lui que pour l'adulte force agissante et principe moteur. Après tout, un jugement moral requiert une certaine maturité d'esprit et une certaine expérience de la vie; l'une et l'autre manquent aux enfants, même très intelligents. La vie de l'exprit n'appairait en chacun de nous qu'à une heure tardive; mais les habitudes se créent des que nous commençons notre existence terrestre, et elles ont toutes les chances de fixer, parfois contre les indications de l'esprit, notre comportement.
Or un enfant s'entraîne à penser, apprécier, agir, à la manière de ses parents d'abord. Il sont plus rapprochés de lui et l'entourent constamment: leur influence est donc prépondérante. De plus, les parents, source physique de l'enfant, sont aussi pour lui une source psychologique; il a reçu d'eux le souffle corporel, il en recevra encore une manière d'apprécier et de vivre. Nous le disions dans un article précédent, son climat construit et moule l'enfant.
Les habitudes les plus profondes de l'enfant, les mieux enracinées, celles qui le pénétreront davantage lorsque bien d'autres auront cessé seront ainsi les habitudes qu'il prendra au contact de ses parents. Tourné spontanément vers eux, il tend à les imiter en tout ce qu'ils font; il sont pour lui les guides efficaces et formateurs de son action, des guides d'autant plus suivis qu'ils lui sont plus adaptés par nature même.
C'est donc par l'exemple que les enfants seront le mieux entraînés au bien. Des épeux qui manquent de délicatessem verront vite leurs enfants devenir impolis et grossiers, Dans les foyers où l'autorité est violente, les enfants seront violents à (Suivre en Page 5)